16 sep 2009



Le roi Renaud de guerre vint tenant ses tripes dans ses mains.
Sa mère était sur le créneau qui vit venir son fils Renaud.
Renaud, Renaud, réjouis-toi! Ta femme est accouché d'un roi!
Ni de ma femme ni du fils je ne saurais me réjouir.

Allez ma mère, allez devant, faites-moi faire un beau lit blanc.
Guère de temps n'y resterai à la minuit trépasserai.
Mais faites-le moi faire ici-bas que l'accouchée n'l'entende pas.
Et quand ce vint sur la minuit, le roi Renaud rendit l'esprit.

Il ne fut pas le matin jour tous les valets pleuraient très tous.
Il ne fut temps de déjeuner que les servantes ont pleuré.
Mais dites-moi, mère, m'amie,que pleurent nos valets ici ?
Ma fille, en lavant nos chevaux ont laissé noyer le plus beau.
Oh pourquoi donc, mère m'amie,pour un cheval pleurer ainsi ?
Quand Renaud reviendra, plus beaux chevaux ramènera.

Et dites-moi, mère m'amie,que pleurent nos servantes ici ?
Ma fille, en lavant nos linceuls ont laissé aller le plus neuf.
Oh pourquoi donc, mère m'amie,pour un linceul pleurer ainsi ?
Quand Renaud reviendra, plus beau linceul ramènera.
Ah, dites-moi, mère m'amie,qu'est-ce que j'entends cogner ici ?
Ma fille, ce sont les charpentiers qui raccommodent le plancher.

Ah ! Dites-moi, mère m'amie, pourquoi les cloches sonnent ici ?
Ma fille, c'est la procession qui sort pour les rogations.
Mais, dites-moi, mère m'amie, c'est que j'entends chanter ici ?
Ma fille, c'est la procession qui fait le tour de la maison.

Quand ce fut passé huit jours, a voulut faire ses atours.
Quand ce fut pour relever, à la messe elle voulut aller,
Mais dites-moi, mère m'amie, quel habit mettrai-je aujourd'hui ?
Mettez le blanc, mettez le gris, mettez le noir pour mieux choisir.
Mais dites-moi, mère m'amie,qu'est-ce que ce noir-là signifie
A femme relèvant d'enfant, le noir lui est bien plus séant.

Mais quand elles fut parmi les champs, trois pastoureaux allaient disant :
Voici la femme du seignour que l'on enterra l'autre jour !
Ah ! Dites-moi, mère m'amie,que disent ces pastoureaux-ci ?
Il disent de presser le pas,ou que la messe n'aura pas.
quand elle fut dans l'église entrée,un cierge on lui a présenté.
Aperçoit en s'agenouillantla terre fraîche sous son banc.

Ah ! Dites-moi, mère m'amie,pourquoi la terre est rafraîchie?
Ma fille, ne puis plus vous celer, Renaud est mort et enterré.
Puisque le roi Renaud est mort,voici la clé de mon trésor.
Voici mes bagues et mes joyaux, prenez bien soin du fils Renaud.
Terre, ouvre-toi, terre fends-toi, que j'aille avec Renaud, mon roi!
Terre s'ouvrit, et se fendit, et ci fut la belle engloutie.

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